Aleksey Ishchenko, récital de piano Église de laurède 28 juillet 2017
Nouvellement restaurée et particulièrement lumineuse, l’église de Laurède a prêté son délicat décor aux accords puissants du piano de Aleksey Ishchenko. Dans un programme défiant toutes les difficultés instrumentales, ce jeune artiste de 24 ans, originaire de Biélorussie, a suscité l’admiration d’un public connaisseur. Enchaînant Bach, Chopin, Liszt, Tchaïkosvki et Balakirev, il a donné à entendre la virtuosité qui caractérise des œuvres comme Mephisto Valse n°1 ou Islamey (longtemps réputée une pièce « infranchissable »…). Ishchenko semble ne s’en être pas aperçu et a donné de ces deux morceaux une interprétation à la fois éblouissante et poétique. Les brèves pièces qui constituent Les Saisons de Tchaïkovski sont tout au plus d’agréables intermèdes, sans enjeu esthétique majeur. Néanmoins, elles reposaient les oreilles de l’abondance sonore quelque peu excessive. C’est de cette puissance qu’a souffert la Sonate n° 3 de Chopin, dont les longueurs auraient pu être atténuées par une interprétation plus stylée, aux nuances plus variées, aux phrasés plus fins. Quant à la Chaconne de Bach transcrite par Busoni il y a un siècle, ses lignes limpides et ses motifs savamment agencés – déjà quelque peu surchargés par la réécriture de Busoni - ont été totalement brouillés par l’usage constant de la pédale forte. Néanmoins, un beau concert qui s’appuyait sur un programme dont le mérite était la richesse musicale inscrite dans une vaste temporalité ; les risques résidaient dans la variété des styles qu’un très jeune artiste n’a pas encore tous intégrés et mûris.
Oreille fine